Nous sommes le 29/5/14, les vttenmai, tout juste remis d'une nuit à digérer le premier chou farci de l'expédition, s'élancent depuis le centre de St-Cernin, ce rictus du visage est bien un sourire sincère, dans quelques km ce sera un autre type de rictus.
Le chemin monte rapidement pour nous amener vers une estive. L'herbe est grasse, le ciel est immense, le temps arrêté. C'est beau (mais c'est haut).
Dominique n'en peut plus (dans tous les sens du terme) de cette Auvergne éternelle retrouvée. Le chemin est très beau, mais il tire un peu sur l'organisme, vivement la caravane du ravitaillement.
Celle-ci est vaillamment menée par le Glaude, il nous amène des kilos de Salers (le fromage! pas la viande bovine ;-)), de charcutaille, de salades... hum. Ce ravito effectué à Tournemire est un délice.
Nous prendrons aussi un café - hors du temps - au café Peyral. Servi dans le salon de la propriétaire.
Il ne faut pas être trop pressé - mais on ne l'est pas - ici, le carillon mural fait son tic-tac intemporel qui invite au calme et à la patience .
Bon, il y a dans le Cantal des estives des grands espaces, des monts pelés, ok, ok... mais il y aussi quelques vallons oubliés des Dieux et des débroussailleuses, et ça peut être une bonne galère.
Il y a aussi de beaux châteaux (Anjony ici), pas de fringants chevaliers à en surgir, seulement les chevaliers de l'ornière que nous sommes pour les admirer.
On en a pris plein les mirettes, et les mollets (1300 D+ quand même:-)).
Sans doute une des randos les plus courtes en distance de toute la longue et glorieuse histoire des vttenmai. Mais, les chemins de St Illide sont plus faits pour les sabots de salers que les maxxis des vttenmai...
Tout avait pourtant bien commencé par une belle journée à St Illide...
Paysage différent ici, pas d'estives mais des collines et des bois, on est ici côté Corrèze (c'est pays :-)), la frontière internationale est toute proche.
Des bourbiers infâmes, des rocailles nous obligent à mettre pied à terre très souvent, c'est d'ailleurs au bout d'un des ces chemins éprouvants à pousser nos destriers, dans le hameau de Vernuéjouls, que nous tombons nez à museau avec un troupeau de salers arrivant dans l'autre sens.
La tension est plus que palpable, aucun endroit pour nous écarter du chemin, les paysans ont fort à faire en queue de troupeau avec une vache fol-dingue, cornes en l'air, bravache, qui refuse de suivre. De l'autre côté il y a nous et ce troupeau qui avance inexorablement, les paysans sont sous adrénaline (nous aussi) "mais qu'est-ce que vous foutez là, nom de dieu, regardez ce bordel, nom de dieu, c'est pas possible"..ben nous, on est sur un chemin de randonnée et nous randonnons quoi...
ça va mal se finir.
Bon, basta, demi-tour, on redescend à tout berzingue le chemin, on se jette dans un pré attenant, et contournons l'obstacle pour rejoindre le hameau. Mais là haut, le problème n'est pas résolu pour autant, la vache bravache sème la terreur, hors de contrôle des paysans pourtant armés de fourches.La bougresse nous oblige à un changement d'itinéraire.
Pour nous remettre de nos émotions, le Glaude, ne ménageant pas sa peine, négocie la terrasse herbeuse et accueillante d'une gentille autochtone à Labontat (voilà qui nous change des énergumènes croisées un peu plus tôt).
L'après-midi nous verra rallier notre point de départ, sous la pluie, avec au compteur une distance faible, un dénivelé moyen (quoi que 900 m pour 40 km ce n'est pas si mal).
Nous renoncerons, fourbus, à la petite de bretelle de 25km pourtant concoctée avec amour par Thierry et préférerons nous attabler au pittoresque troquet multi-services local....
Attention, on touche au sublime sur cette étape !!!
Nous reprenons ici le tracé d'une des éditions de "La Pastourelle", belle rando VTT annuelle autour de Salers! Attention du D+ au programme, ainsi que de la bête à poil et à cornes, et surtout du sublime...
Départ de St Paul de Salers et là pas de mystère, sa monte et remonte et re-re-monte longtemps, dure mise en jambe.
Une odeur vient d'ailleurs nous titiller les narines, quésaquo? il s'agit d'une récolte de racines de gentianes, laissée là au bord du chemin, qui servira à la préparation de l'amère apéro local : le Salers (vous l'avez compris au programme c'est salers sous toutes ses formes :-)). Il y a d'ailleurs un proverbe Cantalou qui dit un truc du genre, c'est pas la mer qui prend l'homme, c'est l'homme qui prend l'amer (entre 11h30 et 13h30 tous les jours). Mais je ne suis pas bien sûr.
Mais là haut nous dominons la vallée, et Salers nous attend (bien plus tard) sur un plateau :-).
Après environ 15 km de côte, une brève descente et là nous entamons une première "poussette" à travers estive, droit dans la pente (les lacets, c'est pour les faibles)!
On ne peut pas vraiment dire que ce soit très roulant, mais les vttenmai en redemandent, alors, roulez jeunesse: une autre petite "poussette" (ça repose le c...).
Arrivée au (premier :-) ) sommet dans un cirque magnifique (Cirque du Falgoux?), où quelques plaques de neige rappellent aux vttistes, "elle est peut-être à vache, mais elle n'en est pas moins Montagne!")).
Ajustement des coupes vent et zou, le sentier vers la vallée...
...Cette vallée va se faire désirer, avant cela, les vttenmai devront affronter quelques sentiers défoncés notamment dans un bois interminable. Comme quoi, le VTT en descente ça n'est pas toujours le repos du warrior.
Après un géo-guidage difficile, nous retrouvons la caravane du ravito du Glaude dans le joli village du Falgoux. Ouf détente...
C'est sympa la vallée, mais il nous faut maintenant remonter pour notre dernière épreuve, tout là haut, hors du temps et des hommes... sur les estives dominant Salers.
Qu'il aura été dur à rallier ce plateau, mais Dieu qu'il est beau.
Nous traversons de nombreuses estives, les troupeaux nous observent en général de loin, statu quo, balle au centre, chacun de son côté et les vaches seront bien gardées.
... Mais là, il y a un petit hic, le chemin est bien là tout droit devant nous, les GPS sont tous formels, (on aimerait qu'il nous disent, erreur, demi tour les nigauds), mais non, c'est là devant, et surtout pas d'itinéraire bis, Bison Futé ne prévoit rien le lascar, vas-y mon gars, ne mollie pas, c'est tout droit, y plus qu'à...
Eh bien les locataires à cornes de ce secteur là semblent moins débonnaires qu'ailleurs, pas trop d'accord quoi: "viens si tu oses, viens tâter de mon guidon d'ivoire, et puis t'as vu moi aussi j'ai une grosse sonnette".
En vieux briscards, blanchis sous le harnais, mâtinés d'un zeste de sagesse et d'une lichette de trouillardise, les vttenmai font un prudent détour pédestre de 1km à travers la prairie marécageuse et sortent de la parcelle en rampant sous la nième clôture électrique de la journée. C'est là que Fab, en bon Belge, tel un tramway bruxellois (c'était au temps où Bruxelles chantait, c'était au temps du cinéma muet ... lalala chantait le Grand Jacques, mais je m'égare), connecte son camelback à la dite clôture, l'abaissant plus que sérieusement, c'est alors 100000 Volts qui tombent sur l'épaule de Thierry, qui lui aussi rampait péniblement sous cette fucking clôture: hurlement de mort. (il mettra quelques km à s'en remettre, mais le mayoyaune en a vu d'autres).
Après ces vaches, les chevaux sont lancés, rien ne les arrêtera...Salers est en vue, autant dire l'écurie, la mangeoire, le repos du guerrier quoi.
Salers est le point final (enfin presque, il nous restera à descendre à St Paul de Salers), de la fantastique épopée 2014 des vttenmai.
En route vers les landes bretonnes de 2015!!!